cailloux*

*fragments cohérents qui ne sont pas assez volumineux pour être appelés blocs et qui ont une forme plus ou moins arrondie.

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Par Alexia
6 août · 2 mn à lire
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cailloux n°119

écosystèmes et (exo)colonies

Je profite de mes vacances pour jouer à I was a teenage exocolonist, un jeu vidéo de SF qui était depuis longtemps sur ma liste (une liste à jouer, LÀJ, comme les PÀL, pile à lire ?). On y incarne un enfant qui arrive à l’âge de 10 ans sur une planète alien, en compagnie d’une petite communauté d’humains ayant fui la Terre à la fin du 21e siècle en raison du réchauffement climatique. On grandi avec cet enfant pendant 10 ans, au rythme de la vie de la colonie qui tente de s’adapter ou de dominer ce nouvel écosystème, qui expérimente, s’approprie, explore, lutte, tue parfois. Je n’ai pas encore terminé l’arc narratif, mais c’est un beau jeu, touchant, qui pose des questions intéressantes. Peut-être pas le choix le plus réjouissant cependant par temps de canicule quand on est sensible à l’éco-anxiété (ou juste qu’on a conscience du réchauffement climatique).

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Ça m’a rappelé cet article, que j’avais mis de côté l’été dernier et qui n’est pas réjouissant mais qui fait écho à cette thématique, sur les limites du “prepping” et “survivalisme”.

Prepping can get you through an emergency. It can get you through a disaster. It can get you through shortages and supply chain problems. It's not designed for life on an uninhabitable planet.

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Et puis en écho, cet entretien en deux parties avec Mickaël Correia “Imaginer une forme d’autodéfense climatique” datant de l’an dernier également :

Ne pas par­ler de la ques­tion raciste et in fine colo­niale quand on aborde la ques­tion cli­ma­tique, ce n’est pas man­quer un angle mort, mais se détour­ner des fon­de­ments mêmes du chaos cli­ma­tique actuel. L’industrie fos­sile a repo­sé et repose plus que jamais sur un extrac­ti­visme colo­nial dans les pays du Sud, pays aujourd’hui en pre­mière ligne des dérè­gle­ments cli­ma­tiques alors qu’ils émettent peu de gaz à effet de serre. Et dans les socié­tés occi­den­tales, ce sont les popu­la­tions non-blanches qui en sont les pre­mières vic­times.

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Enfin je me suis rappelé cet article de Sydney Azari que j’avais déjà cité dans les cailloux n°31*. Il a été écrit en octobre 2018, ce qui est un peu désolant car cela fait presque 6 ans et en 6 ans les choses n’ont certainement pas évolué dans le bon sens, mais le cœur de son message reste vrai. On notera une certaine cohérence avec la newsletter précédente, car il semblerait que c’est bien le lien, la communauté, la co-construction, la solidarité qui puissent apporter de la lumière, face à toutes les nécropolitiques.

The path toward survival also helps take power from the elites driving us toward apocalypse: mutual aid. Mutual aid is defined as “a voluntary reciprocal exchange of resources and services for mutual benefit.” Mutual aid is one economy, among many currently existing economies, that was universally practiced in ancient human societies. Mutual aid is premised on recognition of people existing as an interdependent ecosystem, unlike the current dominant economy that is premised on hierarchy, exploitation, and treating people and the entire planet as something to extract from for individual gain. Mutual aid is not charity; it is solidarity among equals, working outside the system to create a future everyone can belong to.

La fin de son article “A vision of the future” me reste encore en tête 6 ans après l’avoir lu, si vous n’avez pas la foi de le lire en entier, lisez juste ça.

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D’ailleurs, les cailloux fêteront leur 6e anniversaire la semaine prochaine. Six ans et 119 lettres, et 700 et quelques lecteurices malgré un rythme bien ralenti, c’est toujours chouette, merci !

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*Pour une fois j’utilise un astérisque à bon escient : dans les cailloux n°31, je parlais de ma lecture de Lambeaux de Charles Juliet. J’ai été véritablement, étrangement triste d’apprendre son décès le 26 juillet dernier, tant cette lecture m’a marquée. Lambeaux c’est un très court livre, très puissant, qui parle de ses 2 mères, biologique et adoptive, et de la nécessité d'écrire.

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Pour terminer, une page d’autopromotion (ce ne sera pas la dernière, pardonnez-moi). La haine du poil, BD co-écrite avec Sara Piazza et Juliette Mancini et dessinée par Juliette sort dans tout pile 15 jours ! Si ce récit choral autour de la question du poil féminin vous intrigue, vous pouvez le précommander chez votre libraire et/ou lui suggérer de nous inviter pour en faire une présentation/signature !