radical belonging
Lorsque j’ai débuté cette newsletter, je disais qu’elle était àpeuprèbdomadaire. Après la première année, elle est devenue approximativemensuelle, mais alors qu’on approche du 5e anniversaire des cailloux, je dirais qu’on flirte dangereusement avec le trimestre.
De quoi allons-nous parler, alors, depuis mars que je n’ai rien envoyé ? De la mort, encore.
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Ces derniers temps j’ai lu Vide sanitaire de François Durif, qui revient sur son expérience professionnelle de quelques années dans les pompes funèbres.
Thiais, c'est le « cimetière des pauvres», c’est comme ça qu’on le nommait dès son ouverture, en 1929. C'est là qu’on enterrait les indigents, dans les « tranchées gratuites » ; aujourd'hui, on préfère les appeler « Jardins de la Fraternité », les divisions réservées aux morts de la rue, à celles et ceux qui n’ont pas les moyens de s'offrir une concession et les prestations qui vont avec. La société leur en accorde une qui dure cinq ans, pas un de plus, en caveau ou en pleine terre. Dès la première que tu as abordée, tu t’es aussitôt aperçu qu'elle n’était pas entretenue comme les autres, plein de détails t’ont frappé. La zone des sépultures en pleine terre, c'est une sorte de pré avec des tertres par-ci par-là, des croix en bois disséminées, des plaques en plastique pour identifier le défunt; pas franchement gazonné, les gars des espaces verts doivent passer un coup de débroussailleuse de temps en temps, ça se voit aux rubans déchiquetés, l’herbe y est comme mâchée. Des plaques funéraires agglutinées forment des flots ne correspondant plus aux emplacements des corps inhumés.
Et puis Slowpy m’a parlé du Collectif Sécurité sociale de la mort.
53% des Français pensent que les pompes funèbres devraient être un service public sans but lucratif, d’après un sondage. Nous pourrions établir ensemble notre souveraineté funéraire en sortant le secteur du marché. Ainsi, nous pourrions assurer à chacun une sécurité sociale de la mort face à la perspective de ses obsèques et de celles de ses proches. Nous avons identifié 7 grandes problématiques du secteur funéraire actuel. Nous y répondons par 7 propositions, basées sur des initiatives existantes à étendre et à généraliser.
On peut lire leurs constats et propositions dans ce document, regarder une conférence gesticulée sur youtube, ou lire cet article de Frustration magazine qui présente la problématique par une série de portraits.
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Grant Ionatán (connu auparavant sous le nom de HTMLflowers) est un auteur de bande-dessinée atteint de la mucoviscidose. Dans cet article il évoque sa maladie chronique, et celle d’un ami, Ben, emporté brutalement par un cancer, sur fond de pandémie de COVID-19.
Illness taught me that my mutation is my strength as much as it is my weakness. Death taught me that we should fight for how we want to spend our lives, since nothing else will ever matter as much as that. Ben taught me that love means presence and acceptance. The pandemic is teaching me the pain we suffered, the mutation we now share, is the reclamation of our life in plague times. We must turn towards what we have learned about compassion, loss, isolation and community in order to make meaning of the last two years. We have to carry it with us like Lucile carried Ben, talk to it, celebrate it and lovingly mourn it, right to its face.
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Je relis parfois par petits bouts cet article sur la création de petits groupes pour favoriser l’expérience du sentiment appartenance ou “radical belonging”.
Now starting a Pod is a deceptively simple undertaking, all you need to do is round up a few friends and start regularly meeting up to share what’s going in your inner world. That’s all there is to it. The tricky part is consistently cultivating an open and honest exchange without continually rubbing each other up the wrong way or overwhelming one another with too many heavy emotions. The idea is to show up for each other in ways that aren’t commonly available in our society today. To be present, attentive, compassionate, patient, direct, honest and most of all real with each other.
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Et pour finir, un point de vue féministe sur la question de l’euthanasie, malheureusement peu relayé dans les articles de presse généraliste (déjà pas très nombreux sur le sujet, hormis dans le Figaro ou La Croix…)
L’injonction faite aux femmes de ne pas prendre trop de place est une expérience qui commence dès l’enfance, nous entendons son expression ultime dans le fait de soutenir leur demande de s’effacer définitivement pour ne pas peser.
J’avais déjà parlé de ces questions dans les cailloux il y a deux ans, notamment la différence entre soins palliatifs, euthanasie et limitation et arrêts des traitements.