cailloux n°48

newsletters, oubli, moro-sphinx

cailloux*
3 min ⋅ 08/10/2019

We all don’t need to be internet megastars, in fact I think we’d all be better if we weren’t all trying to be internet megastars

Un article sur le "nouveau" phénomène newsletters, leur histoire comme medium pour l'écriture féminine, leur récent passage à la monétisation, leur avenir incertain. Où l'on apprend notamment que tinyletter doit fusionner complètement avec mailchimp, le plus tard possible j'espère. Je me demande s'il serait possible de se passer de plateforme et le gérer "à la main" – pour moi, sans doute, étant donné le tout petit nombre de personnes qui me lisent ici.

Un lectorat modeste, certes, mais de qualité ! J'en profite d'ailleurs pour vous remercier pour les chouettes retours reçus lors du n°44 : premier anniversaire.

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Un article sur la mémoire d'internet, sur le blog de L.M. Sacasas, qui écrit une des meilleures newsletter parmi celles que je lis – bon, en vérité je ne lis que celles qui m'intéressent vraiment.

"The self that exists online is in one important respect a very poor representation of the self precisely because of its tendency toward completeness of memory."

L'idée centrale est qu'internet n'oublie rien, contrairement aux humains, pour lesquels, pour le bon fonctionnement de leur psyché, l'oubli est l'indispensable pendant à la mise en mémoire.
Pourtant la mémoire sur internet n'est pas semblable à la mémoire d'un humain qui souffrirait d'hypermnésie, par exemple. La mémoire sur internet est particulière en ce qu'elle n'est pas organisée comme des souvenirs du passé auxquels on pourrait accéder, mais comme une réactualisation obsédante, constamment au présent. C'est d'ailleurs ce qui est explicité à propos des vieux tweets retweetés alors que la photo ou le tweetname de l'auteur a changé :

“It’s disorienting when one of my old tweets resurfaces, wearing the digital mask i’m using here in 2019.”

C'est en partie pour cette raison – cette sensation que sur internet et les réseaux sociaux en particulier, le temps n'existe que comme un présent électrique sans cesse actualisé – que j'ai supprimé mes blogs, comptes twitter (et autres) les uns après les autres, pour qu'ils puissent être oubliés, ou tout du moins, oubliés des autres. C'est aussi pour cela que j'ai commencé cette newsletter, qui disparaîtra sans doute un jour également, sauf, morcellée, dans les boîtes de réception de celles et ceux d'entre vous qui ne visent pas l'inbox zero.

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Ces derniers temps de petites choses amusantes se passent et il se trouve que je suis là où elles se produisent, pour les observer. Il me semblait important de partager avec vous ces nouvelles du monde :

1. Les ados archicools qui dansent à côté du Rhône ont une (nouvelle ?) manière de porter leur sweat, déclinée de 3 façons :
- enfiler la tête et laisser les manches pendre devant sur la poitrine
- enfiler la tête et une manche, laisser l’autre pendre devant
- enfiler la tête et laisser une manche pendre devant, l’autre derrière
Au retour j’ai observé une autre variante : enfiler le sweat normalement mais (!) rouler le bas vers l’intérieur pour en faire un crop top un peu bouffant.

2. À la banque devant les automates, une vieille bourgeoise embijoutée me regarde, puis elle sort en disant "Haa… Quel ennui à Genève, il ne se passe rien ! Ha ha ha"

3. Dans le TER bondé, roulant avec 30 minutes de retard, un homme avec des airpods dans les oreilles boit du vin dans un verre à pied.

4. J'ai vu un moro-sphinx butiner sur le campus de Lyon 2.

cailloux*

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