be insipid
Des heures quotidiennes passées dans les transports en commun ont réveillé ma soif de lecture – si possible pas de "lecture obligatoire", imposée dans les syllabus fournis pour chaque cours au début du semestre. Ces jours, je lis Annie Ernaux.
Dans La Femme gelée elle évoque à plusieurs reprise le corps morcelé des femmes.
Me rappelait tout le temps à l'ordre : « Les poils aux pattes c'est pas beau. Tu devrais mettre du vernis sur tes ongles de pieds. On te voit trop les cuisses quand tu t'assois. » Le corps tout le temps sous surveillance, encarcanné, brusquement éclaté en des tas de morceaux, les yeux, la peau, les cheveux, dont fallait s'occuper un à un pour atteindre l'idéal. Entreprise difficile puisqu'un seul détail peut tout gâcher : « T'as vu celle-là, ses fesses en goutte d'huile ! »
Garçon au désir libre, pas toi ma fille, résiste, c'est le code. Pour résister, le jeu défensif habituel, découper mon corps en territoires de la tête aux chevilles, le permis, le douteux champ de manoeuvres en cours, l'interdit. N'abandonner que pouce à pouce. Chaque plaisir s'est appelé défaite pour moi, victoire pour lui. Vivre la découverte de l'autre en termes de perdition, je ne l'avais pas prévu, ce n'était pas gai. Entre filles, on se révélait nos « lâchetés » avec honte, jamais de plaisir ni de fierté.
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Je crois qu'il est interdit de dire d'une personne qu'elle est "inspirante", mais que dire d'autre de Lizzo ?
I don't think that loving yourself is a choice. I think that it's a decision that has to be made for survival; it was in my case. Loving myself was the result of answering two things: Do you want to live? 'Cause this is who you're gonna be for the rest of your life. Or are you gonna just have a life of emptiness, self-hatred and self-loathing? And I chose to live, so I had to accept myself.
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Un exemple de clinique communautaire, un dispositif côte-à-côte bricolé faute d'infrastructures, qui n'en est pas moins puissant. Des femmes âgées, conseillères en santé, écoutent gratuitement les douleurs des autres, assises sur un banc.
En shona, il n’existe pas de mot pour nommer la dépression. Alors, pour en parler, « on dit “kufungisisa”, qui signifie “penser trop” », indique Esilida, 73 ans, en attendant son prochain patient sur un banc en bois dans la clinique de Glen Norah, une banlieue pauvre de Harare, la capitale du Zimbabwe.
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Le conseil avisé d'un inconnu sur twitter :
"Be insipid. […] I am nearly 50 and nowhere near where my peers are, but the "wrong" choices have brought me such joy and richness. Perfection, if it exists, is in the doing of life."