cailloux* n°13

tout de même, la mort, le pouvoir, les mots

cailloux*
3 min ⋅ 01/11/2018

“Cuando yo muera, mi huipil florecerá” de Santiago Savi“Cuando yo muera, mi huipil florecerá” de Santiago Savi

Des cailloux épars, pas de lien évident entre tous, mais tout de même, la mort, le pouvoir, les mots.

"She has claimed that her secret to longevity is eating delicious things and sleeping well."

En avril dernier, la dernière personne vivante née au 19e siècle, Nabi Tajima, est morte, à l'âge de 117 ans.

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« [Antigone] et moi subissons notre destin car nous sommes face aux institutions les plus puissantes qui sont l’État et la Justice. Nous n’avons ni leur force, ni leurs armes, ni leur nombre, mais nous résistons. »

Cet article d'Anthony Vincent, très bien écrit, sur Assa Traoré et sa lutte intransigeante contre le pouvoir injuste. Et cette citation de Nadia Yala Kisukidi d'une clarté confondante :

« Il devient alors difficile, dans un pays qui s’est construit sur l’idée juridique d’une République qui protège, d’admettre l’existence d’un racisme systémique. C’est-à-dire l’idée que des groupes sociaux soient traités de manière inégalitaire par les institutions et le monde social en raison de processus qui les racialisent, comme l’explique notamment le philosophe Pierre Tévanian dans son essai La mécanique raciste. Difficile d’admettre la contradiction du droit avec les faits. Difficile d’admettre non pas que des individus sont victimes de racisme, mais que le racisme est systémique en France. Dire qu’un inconscient racial structure encore la vie politique et sociale en République est perçu comme un mensonge et vécu comme une véritable blessure narcissique. »


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Sur le destin des dépouilles retrouvées dans le désert de l'Arizona.

“These people had families, had friends, had a name that they were given at birth,” Vollner said. “That’s something that we hope to restore to them in death.”

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Il y a quelques mois (un an, plus ?) je me suis décidée à me dire autrice. Ça m'aura pris un certain nombres d'années, mais j'y suis arrivée, à moitié pour m'en convaincre, à moitié pour en convaincre les autres.

J'ai choisi ce terme un peu instinctivement, mais aujourd'hui je suis sûre que c'est le bon. Tout d'abord, parlons de ce suffixe, -rice, c'est le même que celui d'actrice mais il provoque un dégoût et même une rage chez certains qui les rend parfois créatifs, comme ce doctorant expliquant que le mot autrice est impropre car il est laid : "Dans "actrice" [a] et [i] sont deux voyelles non arrondie antérieures, l'équilibre est respecté. C'est le caractère arrondi ET postérieur du [o] d'auteur qui rend la bascule vers le [i] non arrondi et antérieur beaucoup plus violente." puis "Ne pas comprendre l'importance des contrastes phonétiques entre voyelles dans les mots, c'est comme ne pas comprendre le contraste entre une note aiguë et une note grave en musique. Vous en êtes là." Tout porte à croire que ce garçon écoute exclusivement des chants grégoriens et s'abstient au quotidien de prononcer les mots saucisse, horticultrice ou même orifice.

Bref, autrice parce que je suis une femme, ça se voit à l'écrit et ça s'entend à l'oral, les choses sont claires et grammaticalement correctes (même si linguistiquement odieuses, apparemment).

Pas écrivaine, parce que je ne suis pas du côté du style mais du montage, ce qui importe c'est de construire un édifice cohérent, en brique, en paille, en sable ou en bulles de savon. Non, vraiment, autrice c'est bien, ça dit le principal : la création d'une chose. Je pourrais même dire co-autrice, par défaut, parce que c'est le plus souvent le cas, écrire, construire, élaborer, créer, j'aime le faire avec d'autres.

À ce propos, dernier rappel avant la vague du GIFF :
La semaine prochaine 24/7 joue à Genève du 5 au 10 novembre (avenue de Châtelaine 43) et j'interviendrai le jeudi 8 novembre à 18h au théâtre Pitoëff, pour la table ronde "La réalité virtuelle au théâtre" en compagnie de Sarah Buser, Line Bruceña et Corinne Soland.

La semaine d'après, 24/7 joue à Lyon du 13 au 18 novembre (5 rue du Petit David) et j'interviendrai le mercredi 14 novembre à 18h30 à la médiathèque de Vaise, pour la table ronde "Le capitalisme peut-il s'emparer du sommeil ?" en compagnie de mon collègue Julien Dubuc d'INVIVO et de Perrine Ruby, la modération étant assurée par Césinaldo Poignand de la formidable librairie Ouvrir l'œil.

Ah et Julien et moi serons invités lundi 5 à la RTS pendant la page culturelle du journal de 12h45, je ne sais pas bien ce qu'on va y raconter mais on va tâcher d'avoir l'air intelligent et de ne pas trop bafouiller.

À partir de décembre, la programmation de ces cailloux devrait comporter moins d'autopromotion éhontée et, espérons-le, toujours autant de liens.

cailloux*

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